2fffff Conférence de Forensic Architecture, EnsAD – 13.05.19
Forensic Architecture
« Une esthétique d’investigation »
(Stefan Laxness & Francesco Sebregondi)
Lundi 13 mai 2019 18h30 – 20h30 Amphithéâtre Rodin Ouverte au public École nationale supérieure des Arts Décoratifs EnsadLab – Université Paris Sciences et Lettres 31 rue d’Ulm, 75005 Paris Conférence en anglais modérée par Francesca Cozzolino et Sophie Krier
Cette conférence s’inscrit dans le cadre du projet de recherche « L’art fait société, nouvelles écologies sociales et formes hybrides de publication » dirigé à Ensadlab par Francesca Cozzolino (enseignante-chercheuse, Ensadlab/Lesc) avec la collaboration de Pierre-Olivier Dittmar (maître de conférences, EHESS, Techniques & Culture), et le soutien de l’Université PSL dans le cadre du projet IRIS « Création, cognition et société », de la Chaire arts & sciences de l’École polytechnique, de l’EnsAD-PSL et de la Fondation Daniel et Nina Carasso.
Forensic Architecture (lit. architecture d’investigation) est un laboratoire de recherche indépendant basé à Goldsmiths, University of London. Le laboratoire conçoit des enquêtes mêlant architecture et médias au nom de procureurs internationaux, d’organisations de défense des droits de l’homme et/ou de groupes d’investigation politique et environnementale. L’équipe pluridisciplinaire de Forensic Architecture comprend ainsi des architectes, des chercheurs, des artistes, des réalisateurs, des développeurs informaticiens, des journalistes d’investigation, des juristes et des scientifiques. Les preuves récoltées au cours de leurs recherches sont présentées au sein de forums politiques et judiciaires, de commissions de vérité et dans des rapports des droits de l’homme, ainsi que dans des institutions culturelles, lors d’expositions publiques et de débats.
Parallèlement à son travail d’investigation, Forensic Architecture élabore des analyses historiques et théoriques de l’histoire et de l’état actuel des pratiques médico-légales qui s’articulent pour mettre à jour une vérité publique.
Alors que les conflits contemporains se déroulent de plus en plus dans les zones urbaines, les maisons et les quartiers sont devenus des cibles, et la plupart des victimes civiles se trouvent au sein de villes et de bâtiments. Les champs de bataille urbains de guerres déclarées et non déclarées sont devenus des environnements denses en données et médias. La large diffusion de smartphones équipés de caméras, le développement des réseaux sociaux et la disponibilité publique des images satellitaires ont radicalement transformé les défis de reportage sur les conflits et les violences. D’une part, ces paramètres ont amené de vastes quantités de données à être générées en temps réel, permettant l’utilisation de ces ressources pour dénoncer des crimes et en exiger réparation. Mais ces transformations engendrent aussi des conflits secondaires relatifs à la véracité des contenus numériques et les interprétations sujettes à caution des nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux – une condition à présent connue sous le terme de « post-truth », post vérité.
À travers son travail d’enquête, Forensic Architecture développe des méthodologies qui réaffirment une notion de vérité publique au sein de la condition contemporaine. La conférence présentera une vue d’ensemble de l’œuvre de Forensic Architecture depuis ses débuts en 2011. La conférence s’articulera autour de cinq concepts clé – la contre-enquête, l’esthétique du forum, le complexe image-données, la maquettes opératoire et l’architecture de la mémoire – qui seront chacun présentés via une sélection de projets. Ainsi l’affaire Ayotzinapa – une contre-enquête sur la disparition de 43 étudiants d’Iguala, Guerrero (Mexique) dans la nuit du 26 septembre 2014 – qui a rendu visible le degré d’’implication des agences gouvernementales avec le crime organisé. Ce résultat a été rendu possible grâce à une plateforme interactive de la violence sur laquelle ont été cartographiés, dans l’espace et dans le temps, des témoignages de victimes, des reconstructions 3D ou encore des sources journalistiques.
Biographies
Stefan Laxness est un chercheur en architecture. Il a été coordinateur de projets à Forensic Architecture où il a dirigé de nombreuses enquêtes telles que le cas Ayotzinapa. Il a également développé des méthodologies pour l’analyse de raids aériens au Moyen-Orient et pour la (re)modélisation de sites [détruits], sur la base de témoignages. Stefan dirige le studio de design Diploma 9 à la Architectural Association de Londres. Il a exposé son travail au Pavillon Antarctique de la Biennale d’Art de Venise en 2017 et a précédemment travaillé pour PLP Architecture à Londres ainsi que pour JAKOB+MACFARLANE à Paris.
Francesco Sebregondi est architecte et chercheur. Son travail explore les intersections de la violence, de la technologie et de la condition urbaine. Depuis 2011 il est chercheur associé à Forensic Architecture et coordinateur de divers projets en son sein. Il a co-édité leur première publication collective intitulée “Forensis: The Architecture of Public Truth” (Sternberg Press, 2014). Il a été coordinateur du laboratoire de 2013 à 2015. Depuis 2015, il est candidat au PhD fondé par la fondation CHASE au Center for Research Architecture, Goldsmiths University of London, où sa recherche porte sur l’architecture du blocus de Gaza.